lundi 5 août 2013

L’ÉTHOLOGIE

Qu’elle s’inscrive dans le connexionisme ou dans le
cognitivisme, la psychologie comparative du début du
XXe
siècle reste centrée sur l’étude au laboratoire. Cette
situation ne peut satisfaire les zoologistes de l’époque.
Héritiers du mouvement naturaliste, ils refusent
d’adhérer à une science du comportement qui ignore
la diversité et la complexité des conduites animales
telles qu’il est possible de les observer dans la nature.
Les études des béhavioristes ne concernent que des
animaux dont le comportement est suspecté par les
zoologistes d’être dénaturé par la domestication et la
captivité. Qui plus est, les situations proposées à l’ani-
mal (boîte à problème, labyrinthe, cage de Skinner) ne
sont pour eux que des schématisations abusivement
simplifiées de l’environnement naturel. C’est la perti-
nence même de la démarche de la psychologie compa-
rative qui va être mise en doute avec le développement
de l’éthologie, une étude biologique du comporte-
ment animal résolument naturaliste et évolutionniste.
Le mot «éthologie» a été introduit dès 1854 par
le zoologiste français Isidore Geoffroy Saint-Hilaire
(1805-1861) pour désigner l’étude des manières
d’être des animaux1. Initialement, le développement
de cette branche de la zoologie aux contours encore
flous s’organise surtout en réaction à la prépon-
dérance accordée à une autre branche, l’anatomie
comparée. Celle-ci a connu, sous l’influence du zoo-
logiste et paléontologue français Georges Cuvier
(1769-1832), un formidable développement en France
et en Europe, et les observations de terrain ont été
progressivement délaissées au profit des cuvettes
de dissection (Jaynes 1969). Le retour à l’approche
éthologique est prôné en particulier par le zoologiste
et évolutionniste français Alfred Giard (1846-1908)
dont l’intérêt pour les organismes littoraux ne peut
guère se satisfaire des conditions d’investigation
offertes par les laboratoires de l’époque. Évolution-
niste convaincu, Giard ne rejette pas l’hypothèse de
sélection naturelle, mais reste cependant attaché aux
idées de Lamarck et considère que les facteurs de
l’environnement sont les principales forces évolutives
à travers leur influence directe sur le comportement
des animaux. Il en appelle au développement d’une
«physiologie externe», c’est-à-dire d’une étude des
mœurs des animaux et de leurs interactions avec
l’environnement, qu’il distingue explicitement de la
psychologie comparative (Giard 1904). À la suite de
Giard, les tenants de la méthode éthologique main-
tiendront la distinction entre éthologie et psycho-
logie comparative (Jaynes 1969).

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