lundi 5 août 2013

Culture et transmission culturelle

Les termes «culture» et «transmission culturelle»
sont régulièrement employés dans l’étude des tradi-
tions comportementales chez les animaux. Le pre-
mier terme fait généralement référence à l’ensemble
des comportements et traditions qui se transmettent
à travers les générations, tandis que le second ren-
voie au processus même qui sous-tend cette trans-
mission. Différentes définitions de la culture ont été
proposées (Cavalli-Sforza et Feldman 1981, Boyd et
Richerson 1985, Dugatkin 1999). Nous adopterons
ici la définition récemment formulée par Freeberg
(2000) en la limitant aux espèces non humaines:
«l’ensemble des traditions comportementales d’une popu-
lation qui sont apprises et transmises socialement». Le
terme de «tradition» insiste sur la nature nécessaire-ment conservatrice de la culture, au moins sur des
bases de temps courtes ou à des échelles spatiales
réduites. Cette relative stabilité suppose que des pro-
cessus sélectifs interviennent dans le maintien des
traditions dans l’espace et dans le temps (Galef 1995,
Giraldeau 1997). Cette définition a aussi l’avantage
de mettre l’accent sur le fait que le concept de culture
n’a de sens qu’au niveau d’une population et ne
constitue pas une caractéristique individuelle (Boyd
et Richerson 1985). Enfin, elle souligne que la
transmission culturelle des comportements nécessite
une interaction sociale (sous la forme d’un processus
de démonstration et/ou d’imitation) entre un indi-
vidu possédant le comportement et un individu naïf.
Ainsi définie, la culture exclut tous les comporte-
ments congénitaux (présents depuis la naissance de
l’individu) et les comportements appris strictement
par essai-erreur (Freeberg 2000).
La définition proposée ci-dessus est très proche de
celle proposée par Dugatkin (1999): «La culture est
l’ensemble des informations capables de modifier le
phénotype d’un individu, informations acquises à partir
des congénères soit par imitation, soit à travers un
enseignement.» Cette deuxième définition insiste sur
le fait que la culture modifie l’individu qui la reçoit.
D’autre part, elle précise clairement quels sont les
processus impliqués dans la transmission culturelle.
Cela lui confère une grande efficacité pour une
application à des cas concrets.
Enfin, d’autres auteurs ont insisté sur le fait que
pour que l’on puisse parler de transmission cultu-
relle, il est nécessaire que la modification du phéno-
type induite par l’information acquise à partir
d’autres individus soit durable (Brooks 1998). C’est
par exemple le cas du chant des oiseaux chez les
espèces où le jeune mâle apprend le chant de son
espèce par imitation du chant des mâles voisins. Si
ces mâles voisins ont un chant atypique, le jeune
mâle une fois devenu adulte chantera définitivement
de cette manière atypique. C’est ainsi que l’on explique
l’évolution de véritables dialectes.
Nous allons maintenant voir en quoi l’évolution
culturelle et l’évolution par mutation génétique et
sélection se ressemblent et se différencient.

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