lundi 5 août 2013

LA TRANSMISSION CULTURELLE DES COMPORTEMENTS: AU-DELÀ DES GÈNES?

Les comportements complexes ont des composantes
fixées, qui nécessitent pour leur plein développement
peu ou pas d’apprentissage, et des composantes apprises
au cours du développement. La plasticité des traits
comportementaux est donc renforcée par les capacités
d’apprentissage qui permettent une modification du
comportement en fonction de l’expérience. En pra-
tique, il n’est pas forcément aisé de distinguer au
sein d’un comportement ce qui relève d’une compo-
sante fixée de ce qui relève de l’apprentissage. Cela tient
en partie à la définition même de ce que nous appelons
«comportement» (voir le paragraphe 2.1.1), mais
aussi à la difficulté à établir une correspondance simple
entre gènes et comportement (voir le chapitre 3).
En tant que traits codés génétiquement, les capa-
cités d’apprentissage, et d’une manière générale le
mode de développement du comportement (Chapi-
tre 4), sont aussi des traits soumis au processus de
sélection naturelle. Selon les circonstances écologiques
(régularité, prévisibilité de l’environnement) ren-
contrées par les espèces animales, différents types de
processus d’apprentissage et de mémorisation ont pu
évoluer. Chez beaucoup d’espèces, l’apprentissage et
la modification du comportement au cours du temps
s’effectuent indépendamment de l’influence des congé-
nères, les individus ajustant par exemple leur com-
portement à travers un simple processus d’essai-erreur.
Chez d’autres espèces, une modification survenue en
conséquence de l’expérience acquise par un individu
peut se transmettre à d’autres individus à travers, par
exemple, un processus d’imitation des congénères.
Cette transmission horizontale des comportements
appris d’un individu à l’autre peut devenir une trans-
mission verticale si différentes générations se chevau-
chent au sein des populations, la génération des parents
servant de modèle à la génération des enfants. Une
telle transmission verticale des comportements à tra-
vers les interactions sociales est souvent considérée
comme une transmission culturelle. Actuellement,
l’imitation constitue un sujet de recherche très actif
en écologie comportementale (Dugatkin 1999).
Jusqu’ici, nous avons considéré que la transmission
des différences entre individus d’une génération à la
suivante ne s’effectuait que par voie génétique. Cepen-
dant, l’existence du processus culturel peut changer
fortement les produits de la sélection naturelle. Nous
allons maintenant illustrer cela dans la dernière partie
de ce chapitre. Nous verrons que par plusieurs aspects,
l’évolution culturelle, tout en se rapprochant de
l’évolution par mutation sélection de type Darwi-
nien classique, apporte des nuances importantes au
mode de fonctionnement même de l’évolution. Mais tout d’abord, qu’entend-on par culture?

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